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Nina Santes

Résidence de création|Avril 2026  
Chansons Mouillées visuel prov
© Nina Santes
Chansons Mouillées visuel prov

Nina Santes est chorégraphe et interprète basée en France. Elle a rencontré la danse par le prisme de son héritage familial : le théâtre ambulant et la marionnette. L’écriture chorégraphique que Nina Santes déploie et nourrit un lien fort avec la musique, engendrant des objets hybrides qui se jouent des genres et des formes. Concert, pièce de danse, cabaret immersif, comédie musicale… il s'agit avant tout de proposer des expériences, qui mettent les corps - ceux des performeur.euses comme ceux des spectateur.ices - au centre, invitent à une autre écoute, à des transformations perceptives. Chorégraphier la relation, penser le visible et l’invisible, sont les boussoles de son œuvre.



  • F comme ? Familles Liquides! Faire. Fabuler. Feu. Fantômes. Fou folle. Flux. Fuites. Fissures fertiles.


  • Quelle est la genèse du projet ? Familles Liquides s’inscrit dans le prolongement de mes projets précédents, que sont Wet Songs ou Chansons Mouillées. Tous ces projets font partie d’un même cycle artistique, qui est né d’un besoin d’appeler l’eau dans ce monde qui brûle. L’eau m’apparait comme un milieu depuis lequel on peut transformer nos perceptions, et sortir d’un certain récit de la séparation. Avec ce cycle de créations, je repars du postulat que nous sommes toustes des corps d’eaux, et à partir de là je fabule une forme de collectif extra-ordinaire : un collectif hydrique. Transfrontalier, transculturel, transespèces… Il ne s’agirait pas d’inventer ce collectif, mais plutôt de prendre conscience ou de nous souvenir que nous en faisons partie. Pour ce troisième volet du cycle, j’ai envie d’explorer une forme de collectif spécifique : la famille. Comment l’imaginaire liquide peut-il modifier notre conception de la famille? Comment l’idée d’être des corps d’eaux peut changer notre préoccupation pour d’autres corps, d’autres eaux? Ces questions se sont imposées dans ma vie intime, et elles en débordent pour devenir des expériences partagées.


  • Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ? Parce que c’est un lieu qui m’intéresse énormément depuis des années. Et pour ce projet des Familles Liquides, j’ai senti qu’il était enfin temps de venir à sa rencontre.


  • Comment travailles-tu ? C’est souvent une expérience que je traverse, ou un ressenti  que j’ai besoin de comprendre, ou une question qui m’amène à écrire. J’écris, je lis, je danse, j’échange, jusqu’à ce qu’une intention de création se forme. La recherche, dans le studio ou le théâtre et en dehors, est une étape importante, un moment durant lequel je me connecte fort à cette question intérieure, à sa résonance avec le monde, ce que je ressens et perçois de l’époque. Je fais des rencontres, et je crée les conditions pour la création à venir. La création je vois ça comme un long processus de digestion… de transformation. Ma pratique est structurée dans des aller-retours entre parler, danser, chanter. Pour moi ce sont les différentes facettes d’un même langage, qui activent toutes une forme de vibration dans les corps. Je crois beaucoup à l’écoute et à l’intuition.


  • Comment cohabites-tu avec ta folie ? Je tâche de lui donner de l’amour. Aujourd’hui je peux même dire que je la chéris, parce que j’en ai moins peur. Je respire et écoute mieux qu’avant alors ma folie me porte et m’ouvre à des possibles. J’ai longtemps craint une folie héréditaire, une folie qui se subit. L’art et aussi la pensée de grandes activistes, m’ont beaucoup appris à aimer et embrasser ma folie, sans avoir à en souffrir. L’art c’est pour moi une forme de soin, d’amour et de célébration de ce qui n’est pas la norme, de ce qui dévie et des espaces ou états intérieurs que l’on pourrait qualifier d’obscurs. Pour moi l’obscur est un espace de possible, de profondeur.


  • Ta voix planétaire ? L’eau, qui traverse tous les corps et nous relie, l’eau qui transporte des mémoires, et nous buvons ces mémoires, qui se mélangent à ce que nous sommes. L’eau qui  recueille sous la surface ce que nous ne voulons pas voir. L’eau qui nous rappelle que nous ne sommes pas séparé.es. L’eau qui nous apprend à toujours trouver un chemin, une circulation possible, même là où il y a plein de failles. L’eau qui nous apprend à changer de forme.