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MASSIMO FUSCO

Résidence de création - février & mars 2021  

Massimo Fusco est accueilli en résidence de création du 8 au 12 février et du 29 mars au 2 avril 2021 pour un travail autour de l'installation Corps sonores


Massimo Fusco est à la fois danseur et masseur. Grâce à des expériences riches et multiples (Christian Rizzo, Gisèle Vienne…), il investit pleinement le paysage chorégraphique français. La transversalité de ses pratiques corporelles ouvrent un champ d’actions possibles pour développer ses projets artistiques au sein de l’association Corps magnétiques qui propose des projets chorégraphiques ambitieux où la recherche, l’expérimentation, le partage mais aussi l’ « être ensemble » font l’objet d’une attention particulière. 

CONVERSATION


Poids ?

Je ne sais pas très bien combien pèse une pensée, un geste, une voix, la voix d’une personne massée. J’ai la sensation qu’elle peut aller du grave au léger.


Quelle est la genèse du projet ?

Je suis danseur et je pratique également le massage Tui Na. À l’origine du projet d’installation Corps sonores il y a les rencontres des patients que je reçois à domicile et qui m’expriment le motif de leur venue. Je trouve très beau la manière introspective de se pencher sur ses propres blessures, ses propres cicatrices pour comprendre un peu de son histoire. J’ai eu envie de permettre à l’auditeur·trice de se mettre à ma place le temps d’une consultation pour avoir accès à ces histoires de corps profondes et sensibles.


Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

Le 3 bis f est au cœur de l’hôpital Montperrin, en cela, il est un lieu culturel ouvert sur le soin. Je développe un travail axé autour du care, qui allie le sens de l’attention, de l’écoute, de la responsabilité, du soin, et de la prévenance. J’ai relu Une voix différente de Carol Gilligan qui me parle beaucoup ! 

Il y a aussi cette phrase inscrite sur le site Web du 3 bis f : « Si la différence vous effraie, essayer la conformité. » Pour moi, elle porte une valeur très politique et éthique qui est l’acceptation des différences, de la multiplicité des choses, des genres, des êtres. Elle résonne avec ce que j’aimerais mener en laissant entendre une diversité des corps s’exprimer.


Comment travailles-tu ?

Je souhaite rester le plus aligné possible avec mes envies de départ tout en ouvrant une vraie place à la collaboration avec Vanessa Court et Kim Q4, qui sont deux artistes que j’ai rencontrés il y a plus de sept ans. Dans les échanges que j’ai avec eux, je voudrais rester le plus poreux possible pour accueillir l’impulsion de leur vision, leurs intuitions et leurs techniques. La collaboration au cœur ! 

Ce projet est porté par nous, mais il sera aussi composé par toutes ces voix de personne que je n’ai pas encore rencontrées.


Comment cohabites-tu avec ta folie ?

Je pense que je fais diversion ! Ma stratégie c’est de faire avec la danse ce que je ne peux pas faire dans la vie.La folie, je ne la cache pas. Elle est présente au quotidien. Quand je marche - et j’adore la marche dans la nature, c’est une de mes activités loisir préférées - cela accompagne ma pensée. Je fais des monologues. Cela accompagne une sorte de discours intérieur. Je viens de parler d’une folie douce qui m’habite, il y a aussi peut-être une part beaucoup plus sombre comme pour chacun d’entre nous. La violence est aussi une expression qui doit trouver sa place dans la société.


Ton jardin préféré ?

Le potager de mes grands-parents dans lequel j’ai beaucoup de souvenirs. J’ai commencé à y apprendre à cultiver les plantes. Je trouvais ça exceptionnel le rapport à la lune, la fabrication du compost, re-nourrir la terre pour que la plante puisse pousser le mieux possible. Finalement chaque plante a sa propre façon de s’approprier son espace comme tous les êtres.

Il y a un autre jardin dans lequel j’aime me balader, c’est le jardin des Buttes-Chaumont. Dans ce jardin, il y a parfois la possibilité d’emprunter un chemin de traverse, et de pouvoir s’isoler de l’agitation de la ville. Ces chemins sont aussi parfois des coins un peu illicites.


Quelle langue voudrais-tu chatouiller avec tes cils ?

Ce serait celle d’un chat (une langue de bœuf ce serait un peu trop gros). Pour le côté râpeux et la douceur des cils. La douceur d’une sensation, d’une caresse de cils.Il y a bien d’autres choses que j’aimerais chatouiller avec un cil. Je ne sais pas si les escargots ont une langue mais si je trouve un escargot consentant dans la cité, j’adorerais pouvoir le caresser avec mes cils.


A quelle question répondrais-tu « A vous de voir » ?

« Plutôt Descartes ou Spinoza ? »Plutôt la rationalité, la prééminence de l’esprit sur le corps, ou plutôt l’unité du corps et de l’esprit ? C’est une question de vision du monde. Là c’est à chacun.e d’expérimenter, à chacun.e de voir...

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