Un centre d’art et une fabrique des arts vivants dans un espace d’hospitalités

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Ghita Skali

Résidence de création|Janvier à avril 2026  
Portrait Ghita Skali
©Henna Hyvärinen
Portrait Ghita Skali

En partenariat avec l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas en France

Ghita Skali, artiste de Casablanca, basée à Amsterdam. Sa pratique multidisciplinaire comprend des installations, des vidéos et des interventions.

Elle utilise des nouvelles étranges, des rumeurs et des faits historiques pour perturber les structures du pouvoir institutionnel. Son travail mêle humour et critique avec des résultats qui pénètrent des canaux qui vont au-delà de l'espace d'exposition, comme le commerce alternatif de marchandises, les documents (il)légaux, et les choses que l'on ramène à la maison.

 

  • F comme ? 

En septembre 2025, malheureusement, c’est le F de « famine » auquel je pense, à ce moment de l’histoire où une population entière est affamée, avec le soutien de pays qui prétendent être démocratiques, comme la France.


  • Quelle est la genèse du projet ?

Depuis plusieurs années, j’ai engagé une réflexion et interventions autour de la mort et de la disparition des personnes que l’on aime. Cela a donné lieu à un premier solo en 2018 à Bruxelles. Cela fait quelques années que je réfléchis aux silences et aux tabous autour des maladies, de la mort et des personnes qui nous quittent. De plus, ma vie personnelle est marquée depuis six mois par un décès, cela a coïncidé avec l’invitation du 3 bis f.


  • Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?

J’ai une pratique qui se développe dans des réalités et contextes différents, qui ne sont pas porteurs des mêmes idéologies politiques. Tout un volet de mon travail, qui s’inscrit dans un contexte institutionnel, porte sur la critique de ces institutions ; une autre partie de ma pratique est liée à l’humour, dans des centres d’art plus indépendants avec je qui partage les mêmes valeurs. Enfin, une autre dimension de mon travail met en jeu une part plus intime, plus vulnérable : je pense que le 3 bis f pourra accueillir cet aspect de mon travail. Notre vulnérabilité à tous.tes ne se donne pas à tout le monde, c’est un travail plus rare, un lieu comme le 3 bis f, atypique, sera à même d’accompagner ce travail, avec sa part de douleur.


  • Comment travailles-tu ?

Cela dépend des projets et des périodes. Il y a souvent, d’abord, une grosse partie de recherches, des entretiens, j’aime penser les projets dès le début comme une personne qui ne connaît rien à quelque chose, comme un.e enfant, ce qui permet de mettre de côté tous les a priori, tous les biais. Puis une seconde partie est constituée d’apprentissages : ma pratique artistique — d’écriture, de collage, de vidéo – se nourrit alors de philosophie, d’apprentissages théoriques et techniques. J’ai ensuite besoin de m’isoler pour voir ce que je vais pouvoir créer avec tout ce que j’ai accumulé.


  • Comment cohabites-tu avec ta folie ?

Cela dépend des jours, des semaines, des mois, des années… Il y a longtemps que j’ai arrêté de penser qu’il y avait quelque chose à soigner. J’essaye davantage de l’appréhender, de vivre avec elle, de lui donner un peu de place. Ce serait un peu comme vivre en colocation avec elle, mais plutôt comme une colocataire toxique !


  • Ta voix planétaire ? 

De manière très pragmatique, même si je ne suis pas française et que je ne vis pas en France, nous sommes le 10 septembre et c’est un jour de mobilisation, donc j’espère que ces voix arriveront à faire un petit quelque chose. Et puis, il y a une autre voix qui dit : Free Palestine.



Entretien réalisé par Jasmine Lebert, le 10 septembre 2025