F comme ?
Fantaisie. Faire. Fou. Folle. Fées.
Quelle est la genèse du projet ?
Agwuas c’est une histoire intime, un rapport à l’eau que j’ai depuis que suis enfant. J’ai appris très tôt à observer, lire et discuter avec la mer. Et puis on oublie… Et puis ça revient… la nécessité de revenir dans ce dialogue avec les eaux.
Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?
Parce que pour moi l’art, le soin et les espaces doivent se rencontrer, les murs doivent se pousser les uns les autres ; on apprend du dehors et les gens qui ont besoin d’autres espaces, c’est exactement cette envie de rencontrer les lieux qui poussent les murs du théâtre, des lieux de cohabitation avec d’autres personnes où le soin et les pratiques artistiques sont reliées.
Comment travailles-tu ?
Je discute, je danse, je lis, je discute, je danse... et puis j’écris beaucoup. Et pour cette pièce j’essaye aussi de travailler dans une sorte d’intuition, des jets. L’eau est liée aux émotions et aux intuitions. Je fais comme toujours de la recherche mais j’invente pour cette pièce un processus plus de l'ordre d'un workshop. Nous chantons. Nous inventons. Nous dansons, et tout est en même temps sur le même plan.
Comment cohabites-tu avec ta folie ?
Je la chérie et je l’alimente au quotidien. Je la respecte beaucoup car je pense qu’il faut entraîner l’ancrage. Je me sens très proche des gens de l’hôpital. C’est une bascule tellement possible. Je m’entraine pour rester ancrée et j’en prends soin pour la maitriser. La danse permet aussi d’être un peu folle et donc permet de partager avec d’autres codes que ceux dont on a l’habitude.
Un livre, un film, un Podcast avec laquelle tu arriveras peut-être en résidence au 3 bis f ?
Gloria E Anzaldua m’accompagne depuis longtemps, et au 3 bis f en particulier son ouvrage Luz en Lo oscuro (Light in the dark). Écrivaine chicana qui écrit en 3 langues dont une langue indigène le náhuatl, autant activiste qu’artiste. L’art doit toujours avoir une manifestation concrète dans le présent et dans un espace de transition, de frontière, entre plusieurs mondes, elle parle de créer des espaces de résistance multiples de rupture, Neplanta. Ce livre accepte les failles : en plongeant dans les failles, on peut trouver les ressources. Ce projet c’est aussi beaucoup ça : accepter la vulnérabilité qui est une force.
Mais aussi, Non-noyées, Leçons féministes Noires apprises auprès des mammifères marines d''Alexis Pauline Gumbs, poétesse., écrivaine, activiste, afro-américaine. Elle se pose la question de comment réapprendre des gestes qui viendraient des mammifères et qui pour moi seraient les gestes du futur : repose toi, écoute, collabore...