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ARTISTES EN RÉSIDENCES

MAYA BOQUET

Résidence de création | novembre 2022 & février 2023  

Metteuse en scène, dramaturge et réalisatrice sonore, Maya Boquet mène des enquêtes, collecte des récits, des témoignages, des paysages sonores, qu’elle agence différemment selon le médium adopté : radio, théâtre, textes. Elle a collaboré entre autres avec Frédérique Aït-Touati, Thibaud Croisy, Duncan Evenou, Julien Fisera, Emilie Rousset.


Elle crée la compagnie Phonorama en 2022 pour y développer ses projets de création.

CONVERSATION

septembre 2022


F comme ? 

Femme.
Fantôme.

Deux mots qui me sont venus en simultané et qui sont en lien avec le projet.

Fantôme car Rosemary Brown communique avec les esprits, elle est pour ainsi dire hantée par ces derniers et moi je suis hantée par elle depuis quelques mois. Il y a cette adage (que l’on retrouve dans Nadja de André Breton) qui dit  « dis moi qui tu hantes et je te dirais qui tu es ». C’est intéressant de cerner de qui nous serions le fantôme, et ce même de notre vivant.

Ensuite,  femme… puisque Rosemary Brown est une femme, comme je suis une femme, comme nous sommes deux femmes très différentes et nous performons notre condition de femme de manière singulière. Rosemary est très éloignée des figures émancipatrices qui sont souvent des modèles. Ce n'est pas une militante, ce n'est pas une femme "libre" ou "libérée", c'est une veuve, mère, qui travaille dans une cantine scolaire et qui trouve dans les interstices de l'invisible le moyen de créer.


Quelle est la genèse du projet ? 

J’ai deux versions à proposer.
La première serait celle-ci : La genèse du projet, c’est une invitation de la Péniche La Pop avec qui j’ai déjà travaillé par le passé, mais en collaboration avec des musiciens, à présenter un projet en mon nom. Chaque projet accompagné par la Péniche doit avoir un lien avec la musique. Un jour, en écoutant la radio, je suis tombée sur une émission qui parlait de Rosemary Brown. Sur le moment cette femme m’a intriguée. Et deux semaines plus tard, alors que je me promenais sur une brocante, je suis tombée sur un vinyle de Rosemary Brown. C’est alors que je me suis dit : il faut faire quelque chose.

La deuxième version serait : elle m’est apparue !


Pourquoi le 3 bis f pour ce projet ?
Je me suis installée il y a un an dans les Alpes-de-Haute Provence et cela me tient à cœur de travailler avec les lieux de la région. J’avais beaucoup entendu parler du 3 bis f par des camarades artistes et c’est l’un des premiers lieux que j’ai eu envie de découvrir. Il y a au 3 bis f quelque chose de précieux à avoir du temps pour la recherche.


Comment travailles-tu / travaillez-vous ?

Chaque projet sur lequel je travail est de nature très différente et j’y opère une fonction qui change d’un projet à l’autre. Donc ma manière de travailler se redéfinit à chaque fois.

Quoiqu’il en soit, mon travail d’écriture est très lié au montage. J’accumule des matériaux, puis je trouve un angle plus précis, j’élague, je réécris. C’est un travail d’allers-retours permanents entre des ours, qui deviennent des montages et sans cesse un questionnement dramaturgique. C’est une approche très artisanale de faire l’ouvrage, de le façonner, le tailler. La matière se sculpte.

Plus spécifiquement pour L’Enigme Rosemary Brown, je fonctionne par laboratoires avec l’équipe. Un premier a eu lieu avec Andréa Baglione, la scénographe et Elsa Biston, la compositrice. Au 3 bis f, ce sera un laboratoire de recherche autour de l’écriture. Ensuite, toute l’équipe se réunira. 

Cette notion de  « laboratoire » est certes à la mode, mais employée à raison il me semble. Il s’agit de faire des expériences et pas obligatoirement de générer un résultat. Ça sera la dernière étape, quand toute l’équipe sera réunie. D’où la préciosité d’avoir des lieux qui permettent ces temps de recherche, parfois de fausse route.


Comment cohabites-tu avec ta folie ?

Je côtoie des gens qui ont également une folie. Et nous sommes nombreux !

Sinon, c’est une image souvent utilisée pour la peur, mais disons que j’ai décidé de m’allonger dans ma folie comme si c’était une barque. Je me laisse couler et me dis qu’elle m’amènera bien quelque part.

 

Ton refuge ?

 Le son. Mettre mon casque et travailler un peu de son.

Et des grandes marches qui durent plusieurs heures, sans téléphone, sans personne, comme pour se nettoyer.
Les deux en fait : façonner de la matière sonore, puis se balader. L’oreille est alors préparée à entendre.

L'ÉNIGME ROSEMARY BROWN
Jeudi 16 février 2023 à 20h
Théâtre
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OBJET MÉDIUM
Jeudi 24 novembre de 10h à 12h
Théâtre
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